Faut-il se jeter à corps perdu dans l’énergie du Nœud Nord ?

Une idée souvent entendue aux détours de conversations serait que le Nœud Sud est une calamité et qu’il faudrait s’en débarrasser, qu’il n’est qu’un ramassis de résidus encombrants voire toxiques, qu’il n’est que problèmes. Qu’il faudrait se jeter à corps perdu dans le Nœud Nord… Nœud Nord qui serait lui une sorte de voie d’absolution. C’est ici que le New Age montre un visage puritaniste et moralisateur.

Les Nœuds lunaires, la trajectoire de l’âme au travers de deux points célestes.

Pour rappel, les Nœuds lunaires sont des points fictifs dans le ciel issus de l’intersection de l’orbite de la Lune avec le plan de l’écliptique. En astrologie karmique, ils sont un puissant indicateur du choix d’incarnation dans la mesure où ils renseignent sur le passé de notre âme ainsi que ce vers quoi elle tend pour évoluer. Les Éléments, les Signes et les Maisons astrologiques dans lesquels ils se trouvent viennent spécifier la nature de notre choix d’âme et peuvent être une source utile pour mieux comprendre notre raison ici et maintenant sur Terre. Dans la littérature astrologique actuelle comme passée, nous retrouvons souvent le discours d’une sorte de malédiction du Nœud Sud, alors que le Nœud Nord serait pourvoyeur de tous les bienfaits. Cette interprétation, qui vise pourtant à nous pousser vers le chemin de notre Nœud Nord donc de notre évolution est pour le moins réductrice d’autant qu’elle prend de plus en plus la teneur d’un dogme.

Cette croyance qui consiste à dire qu’il faut se jeter à corps perdu dans le Nœud Nord peut pourtant être une étape intéressante de notre évolution, mais comme toute étape, il est bien d’en sortir pour intégrer encore autre chose. En effet, à vouloir agir sur le karma de manière mentale, un peu étroite, on ne fait que s’en créer davantage. Et se créer davantage de karma ne fait que rallonger cette étape. Peut-être, me direz-vous, que pour certains, le passage est obligé et que sa durée et son intensité seront toujours à la mesure des besoins d’évolution de la personne ? Ce ne serait pas faux en effet. Pour autant, mettre un peu plus rapidement de la conscience sur ce qui peut nous embourber peut aider plus aisément à l’évolution. Ce ne serait dans ce cas non pas un raccourcis entravant le processus mais plutôt ne pas emprunter la déviation qui nous perdrait dans des méandres interminables.

Devenir canal pour intégrer deux énergies complémentaires.

Aller vers Le Nœud Nord est une expérience majestueuse si tant est que l’on parvient à intégrer le Nœud Sud. C’est savoir faire le canal entre deux énergies. Et au final, n’est-ce pas ce que nous sommes physiquement, un canal entre le Ciel et la Terre, entre la matière que nous ingérons que nous rejetons, une fois l’énergie extraite. Nous sommes des canaux au sein desquels ce qui nous traverse subit une transformation, une transmutation. Nous sommes les tubes dans lequel toute l’alchimie créative de la vie s’opère. Et nous le faisons tous d’une manière différente. Et puis il y a un temps pour tout.

Les Nœuds lunaires font le tour du cadran zodiacal en 18 ans. Ces cycles qui débutent dès le moment de notre naissance nous permettent de mieux appréhender les phases de notre vie et la manière dont les énergies des Nœuds viennent s’intercaler.

Des cycles de 18 ans

  • Dans le premier cycle, on est en plein de le Nœud Nord, que l’on subit fortement parfois car on se met en cohérence vibratoire avec les énergies de notre Nœud Nord et cela ne se fait parfois pas dans la sérénité.
  • De 18 à 36 ans, on vit l’énergie du Nœud Sud.. On peut avoir l’impression que le monde nous appartient car tout le réservoir du Nœud Sud nous permet de rester dans des acquis et des fonctionnements que nous connaissons. Nous redécouvrons avec joie ce qui nous constitue au plus profond et nous en jouissons sans trop de recul ni entraves. Parfois, on se repose d’une enfance difficile où le Nœud Nord aura été fortement subi, parfois on ne sent pas vraiment de différence. Toujours est-il que le Nœud Nord travaille quand même. On sait que l’on n’est pas arrivé ici pour rien. Et même si le champs des possibles reste très ouvert, l’âme sent un appel vers la réalisation du soi.
  • De 36 à 54 ans, nous amorçons une montée vers le Nœud Nord. On sent de plus en plus que notre âme veut tendre vers un ailleurs, aller explorer. Et l’on est suffisamment fort pour le faire. L’escalade jusque là difficilement accessible montre des possibilités, on tente, on joue.. une force nous pousse dans une voie. L’opposition d’Uranus à 42 ans vient apporter cette tension positive et propice à un début de concrétisation de soi dans le monde. C’est un pas vers l’individuation.
  • De 54 à 72 ans, on peut profiter d’un regain d’énergie du Nœud Sud, que l’on vit d’autant mieux si l’on a commencé à s’approprier le Nœud Nord dans la phase précédente. Le réservoir est cependant quasiment vide si nous n’avons su inviter le Nœud Nord en nous et cette partie de la vie peut laisser un goût amer. Beaucoup se sentent vieillir. Alors que d’autres se fortifient davantage.
  • De 72 à 90 ans, le Nœud Nord prédomine à nouveau, un lâcher prise lié à l’âge nous pousse à la résilience, à l’acceptation, à la contemplation de ce qui se joue en nous. Pour autant, si nous opposons résistance à ce mouvement, c’est notre corps qui se rigidifie au point de devenir cassant comme du verre. À refuser d’évoluer, c’est toute notre matière qui vient se cristalliser.

Chaque cycle nous donne l’opportunité d’avancer, nous passons par des cycles de 7 ans, 9 ans, 12 ans, 18 ans, 30 ans et 42 ans (un demi-cycle qui correspond à l’opposition d’Uranus par rapport à sa position de naissance)… et tant d’autres encore. Et au cours des expériences de la vie, des évènements que nous rencontrons, nos cheminons toujours plus avant vers notre réalisation personnelle, notre individuation. Nous rectifions les excès et les manques afin de rendre notre âme toujours plus alignée vers notre centre, notre Soi.

Vivre l’axe des Nœuds lunaires se fait de manière unique. La vie aime à explorer les possibles. Ne cherchons donc pas à copier un modèle, notre manière est celle qui sera en adéquation avec nous-même et par voie de conséquence avec le plan cosmique. La vie est pluralité, diversité, elle n’aime pas trop l’uniformité.

Intégration de l’énergie des Nœuds lunaires

Si l’on veut prendre les choses mentalement, par quoi faudrait-il commencer ? En premier lieu, mettre de la conscience sur le Nœud Sud. Positiver le Nœud Sud est une étape souvent nécessaire à l’évolution. Cela passe par l’identification de ce qui nous constitue au fond de nous. Nos fonctionnements par défaut, nos goûts, nos aptitudes, nos talents…

Quelques exemples :

  • Si nous avons un Nœud Sud en Maison V en Taureau, il y a des chances pour que nos capacités artistiques soient développées, que nous aimions les plaisirs de la vie… Peut-être est-il intéressant d’intégrer tout cela pour cheminer vers la Maison XI en Scorpion qui permettrait de construire à terme quelque chose de plus grand que soi voire de fédérateur et qui serait de plus lucratif pour la communauté.
  • Un Nœud Sud en Capricorne en Maison I gagnerait à accepter son ego fortement structuré et sa très forte personnalité s’il veut bien vivre la vie de couple et poser les fondations d’une famille saine. Se renier dans ce qu’il est fondamentalement ne lui ferait probablement pas faire des choix de partenaires permettant cette élévation vers le Nœud Nord en Maison VII en Cancer.
  • Un Nœud Sud en Sagittaire en Maison II devra en premier lieu aller vers son besoin réel d’indépendance, de lointains horizons (géographiques, philosophiques…) afin de paver les conditions nécessaires à son acceptation de recevoir des autres et se nourrir autrement de ce qui l’entoure. (Gémeaux en Maison VIII)

Une petite aparté. Nous sommes rarement vierges de notre Nœud Nord. Bien souvent, nous avons déjà travaillé son énergie dans une vie antérieure et il faut souvent plusieurs vies pour tendre à l’équilibre auquel notre âme aspire.

On peut également s’inspirer de l’énergie des Éléments dans lesquels se trouvent nos Nœuds. Cette structuration archétypale aide beaucoup plus que l’on pourrait le penser à la mise en conscience de ce qui se joue en nous.

Métabolise des Éléments

Passer du Feu à l’Air : Apprendre à dispenser et disperser le Feu.

Axes :

  • Bélier-Balance
  • Lion-Verseau
  • Sagittaire-Gémeaux

Passer de l’Air au Feu : Apprendre à concentrer l’Air au point de chaleur ultime

Axes :

  • Gémeaux-Sagittaire
  • Balance-Bélier
  • Verseau-Lion

Passer de l’Eau à la Terre : Apprendre que ce qui est fluide peut aussi construire, s’enraciner et s’élever

Axes :

  • Cancer-Capricorne
  • Scorpion-Taureau
  • Poissons-Vierge

Passer de la Terre à l’Eau : Apprendre à dé-cristalliser, dé-solidifier les choses pour aller vers du coulant, de l’étalement

Axes :

  • Taureau-Scorpion
  • Vierge-Poissons
  • Capricorne-Cancer

Dans tous les cas, nous retrouvons des mouvements de contraction et d’expansion, c’est peut-être que nous sommes sur la respiration de l’univers, sur un mouvement de balancier qui structure tout système de vie.

Il nous appartient de comprendre dans quel mouvement nous nous situons dans cette vie, pour mieux comprendre la direction qui nous convient le mieux. Être à l’écoute de ce qui se joue en nous et le mettre en action permet d’attirer les expériences en phase avec nos besoins de développement.

En tout état de cause, il serait dommage d’abandonner d’où nous venons. Comment un arbre peut-il survivre privé de ses racines ?

Au niveau de l’interprétation astrologique, tout le thème est à prendre en considération pour une compréhension holistique et karmique du chemin d’une âme dans la vie incarnée. Certains indicateurs renseignement quelques spécificités. Par exemple, le karma issu de la Maison XII montre avec quoi nous venons et ce qui nous teinte. De ce que j’observe la Maison XII tout comme Chiron et les Lunes noires montrent tout autant nos blessures que le Nœud Sud, qui est plus notre zone de confort, nos acquis. C’est un peu notre terreau, le bois dont nous sommes fais.

Il m’a semblé intéressant de communiquer sur ce sujet de l’axe des Nœuds qui a donné lieu à de nombreuses discussions avec des personnes s’intéressant à l’astrologie ou au développement personnel en général. Parmi les personnes très actrices dans leur cheminement, on peut malheureusement rencontrer de très belles personnes qui passent par de sévères nuits noires de l’âme à trop vouloir prendre les raccourcis de l’évolution. (Montées de Kundalini alors que le terrain n’est pas prêt…) Souvent, ce ne sont que des épisodes desquels ces personnes ressortent grandies en elles-même, épurées comme après un sérieux travail alchimique. Parfois cependant, ces nuits noires se prolongent et enferment dans des enfers (l’enfer-me-ment) desquels elles ne parviennent pas à s’extraire. C’est un peu se brûler les ailes comme Icare, brûler son système nerveux ou son système énergétique avec tout ce que cela peut produire en terme de troubles nerveux, mentaux, physiques…

Nous cherchons souvent à l’extérieur de nous-même des techniques, des méthodes, des personnes qui nous aideraient dans notre réalisation personnelle. Nous lisons des livres, faisons des formations… Tout ceci est fondamentalement très intéressant mais finalement, le conseil du Tao Te King reste à mon sens le plus pertinent. Pour avoir de la connaissance, ajouter des choses chaque jour. Pour avoir de la sagesse, enlever des choses chaque jour. Désapprendre est dans une certaine mesure la voie de la sagesse. Ne pas présumer de ce que la vie doit être pour nous mais accepter les épreuves et les situations. À trop vouloir monter en vibration, à s’imposer une spiritualité qui nous éloigne trop de la vie, nous nous empêchons l’expérience. Hors, c’est avec notre corps, notre corps qui est doté de sens ô combien subtils, sophistiqués et perfectibles que nous faisons l’expérience de la matière. Et en tant qu’être incarnés, c’est cette expérience qui est productrice d’évolution. Vivre hors du monde nous donne parfois la sensation d’élévation que nous pouvons rechercher mais c’est bel et bien au contact à l’autre, parfois dans la confrontation même, que nous avançons. Il faut bien se l’avouer, la morale que nous nous imposons est parfois de l’orgueil déguisé. Ou bien une complaisance envers soi. Parfois une simple fainéantise devant la nécessité de refonte. Ne rajoutons ni culpabilité ni jugement envers nous-même pour ces traits si naturels ! Nous sommes simplement humain et notre tendance est la facilité, même dans une recherche d’évolution.

Pour rebondir sur une note plus légère ; et c’est avant tout avec une certaine légèreté que la vie gagne à être appréhendée, lâchons prise de toute recherche ! Vivons, vibrons au rythme de la vie, de notre enfant intérieur, renouons avec la spontanéité de notre être, avec la simplicité qui ouvre à la vie comme à la joie ! L’individuation, la réalisation de soi est un processus qui est en marche de toute façon. Rien de sert de tirer sur les pétales d’une fleur, elle ne poussera pas plus vite !

Être. Dans l’ici et le maintenant. Le plus beau cadeau que nous pouvons faire à nous-même.

Et rappelons-nous régulièrement cette bienveillance à nous même : Dans la vie, nous faisons de notre mieux. Parfois notre mieux n’est pas celui que nous aurions aimé qu’il soit mais faire de notre mieux, c’est faire ce que l’on peut.

Je nous souhaite à toutes à tous la sérénité, la douceur envers nous-même.